google.com, pub-8963965987249346, DIRECT, f08c47fec0942fa0
Informer juste notre devoir !!!

À Rebrousse-poil / Khalifa Sall – Ousmane Sonko si proche, si loin (Par Adama Ndiaye)

0 10

Tout oppose l’ancien cacique du Parti socialiste et l’ex Inspecteur des impôts devenu le porte-étendard de la révolution anti-système. Et pourtant, ils sont alliés au sein de la principale coalition d’opposition, Yewwi Askan Wi. Qu’à cela ne tienne, on ne peut pas trouver alliance plus antinomique que celle entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Il n’y a qu’à voir leurs réactions aux évènements tragiques qui se sont déroulés hier à Ngor, où des affrontements entre jeunes habitants et forces de l’ordre ont entraîné la mort d’une jeune fille et causé plusieurs blessés, sans parler des dégâts matériels considérables.

Khalifa Sall a condamné sans ambiguïté la violence étatique tout en prenant le soin de ne pas souffler sur les braises.

Ousmane Sonko, pour sa part, dont la participation à la prochaine présidentielle est quelque peu compromise par sa récente condamnation pour injures publiques et diffamation, a saisi l’occasion pour une fois de plus appeler au gatsa-gatsa en  invitant les habitants des communes voisines de Ngor à se joindre au combat. Tout en glissant au passage une petite attaque aux médias classiques coupables selon lui de ne pas rendre compte fidèlement de ce qui se passe réellement dans le pays. La nouvelle rengaine du populisme universel.

Deux styles, deux tempéraments, deux postures, mais alliés…de circonstance.

La vie politique sénégalaise est ainsi faite : on ne fait pas front commun autour des idées, des affinités mais contre le Président en place. Dans l’opposition, la compétition électorale se résume à un référendum contre le locataire du palais. « Tout sauf Diouf”, “tout sauf Wade” et maintenant “tout sauf Macky”…

Mais ce front commun contre le chef d’État en place est de moins en moins efficace pour gommer les différences de nature entre les deux hommes. Sonko, d’ailleurs dans un avertissement au chef de l’État, et qui résonnait plus  comme une pique à l’ancien maire de Dakar, l’a d’ailleurs bien dit : “Je ne suis pas Khalifa Sall ou Karim Wade…”.

En effet sans verser dans le manichéisme et en se contentant juste d’analyser les discours respectifs, on peut dire que le trumpisme de M. Sonko, son “je m’en foutisme des institutions”, ses appels incessants à l’insurrection populaire, sont aux antipodes avec la mesure, le sens de l’État et le discours bienveillant, même dans les heures les plus sombres de sa trajectoire, de M. Sall.

En vérité, Ousmane Sonko, sorte d’ovni politique, figure de proue d’une vague contestataire, populaire/populiste et nationaliste n’a même plus besoin des alliances avec les figures de la classe politique traditionnelle. Porté par son aura personnelle et une popularité de plus en plus grandissante dans les coins les plus reculés du Sénégal, le leader de PASTEF a tout intérêt à cultiver sa posture anti-système. Sa nature implacable est, précisément, un obstacle à l’épanouissement sous son égide de larges coalitions, comme l’ont illustré les bisbilles au sein de Yewwi Askan Wi lors de la phase d’investiture des candidats durant les locales et la récente polémique qui l’oppose à Barthélémy Dias.

Le costume du franc-tireur allant seul à la conquête du vote populaire semble mieux lui convenir.

Leave A Reply

Your email address will not be published.