Retrait du ”ticket présidentiel” : Abdoulaye Wade avait donné une grande leçon de démocratie, selon Kalidou Diallo
L’ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo juge que l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, avait donné “une grande leçon de démocratie au Sénégal”, en décidant de retirer, le 23 juin 2011, son projet de loi controversé de révision constitutionnelle dit ”ticket présidentiel”.
Il en avait pris la décision après qu’une grande manifestation éclata devant l’Assemblée nationale, suivie d’affrontements entre forces de l’ordre et des contestataires de ce projet de loi.
Cette manifestation avait éclaté lorsque des Sénégalais de tous bords, dont de simples citoyens, des membres de la société civile, de mouvements associatifs de jeunes, de partis politiques, décidèrent de s’opposer devant l’Assemblée nationale, au vote d’un “ticket présidentiel”.
A la suite d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, le pouvoir du président Abdoulaye Wade avait finalement pris la décision de retirer le projet de loi controversé.
Pour Kalidou Diallo, professeur d’Histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, à travers cette posture, ”Abdoulaye Wade a donné ce jour-là une grande leçon de démocratie au Sénégal”.
”Les manifestations du 23 juin 2011 étaient autorisées pour moins de 3000 manifestants. Le président Wade a reculé pour ce nombre de manifestants. Ce qui n’a pas toujours été le cas, si vous revisitiez l’histoire politique du Sénégal avant et après 2000”, a analysé l’universitaire dont les travaux académiques portent essentiellement sur l’histoire syndicale du du pays.
S’exprimant dans un entretien avec l’APS, à l’occasion du quatorzième anniversaire des évènements du 23 juin 2011, l’ancien dirigeant syndical loue les qualités de démocrate du leader du PDS.
Selon lui, ”l’ancien Président avait bien avant les événements du 23 juin 2011, demandé aux Sénégalais, c’est-à-dire dès le début de son mandat, de manifester leur mécontentement par des brassards rouges à chaque fois qu’ils le souhaitaient”.
”Il [Abdoulaye Wade] a demandé également aux Sénégalais de s’exprimer par une presse libre et indépendante et de remplacer la demande d’autorisation de marcher par une simple déclaration, juste pour en informer l’autorité”, a-t-il ajouté.
Kalidou Diallo pense que si l’exemple du président Abdoulaye Wade avait été suivi, beaucoup de questions abordées lors du Dialogue national du 28 mai 2025, auraient été résolues sans jamais être à l’ordre du jour de cette rencontre.
L’ancien ministre a rappelé qu’à la présidentielle du 24 mars 2024, Abdoulaye Wade avait appelé à voter pour le duo Diomaye/Sonko. Il invite ces derniers à s’inspirer ”de la vision, de la générosité et du pragmatisme de Wade dans le domaine de la démocratie, des libertés, de l’éducation, de la santé, des infrastructures et de la coopération internationale, etc.”.
A la question de savoir si un autre 23 juin est envisageable au Sénégal, le professeur d’Histoire moderne et contemporaine à l’UCAD déclare : ”Léopold Sédar Senghor a eu son 1963 et 1968, Abdou Diouf son 1988 et 2000. Wade a eu son 23 juin 2012 et Macky Sall ses 3-8 mars 2021”.
Pour lui, si ”le Président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko travaillent bien, en ne commettant pas d’erreurs politiques graves, ils pourront échapper” à des manifestations politiques contre leur régime.
Il pense qu’il est encore trop tôt pour évaluer leur gouvernance, estimant que ”si à terme, ils déçoivent les Sénégalais, ils n’échapperont pas à la défiance et à la vindicte populaires”.
L’ancien ministre de l’Education nationale a rappelé que la position du peuple reste constante, quel que soit le régime en place. ”Le peuple veut sortir de la misère, les jeunes du chômage et le pays du sous-développement”, rappelle-t-il.
”Tout régime qui va dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations, aura de beaux jours devant lui”, assure Kalidou Diallo.
Il dit avoir espoir que ”les nouveaux dirigeants du pays tireront les leçons de notre si riche histoire politique, pour installer la paix, la justice sociale, le progrès et l’abondance au Sénégal”.
”Le Sénégal est petit par la taille, mais il excelle, parce que riche par son histoire, sans compter sa position géographique, ses richesses naturelles, et surtout, ses ressources humaines”, a encore dit le professeur d’Histoire moderne et contemporaine à l’UCAD.