Passé le temps où le Chef de l’Etat a demandé la publication des rapports d’audit de la Cour des compte et ceux de l’office national de lutte contre la fraude et la corruption. À la publication, l’on avait noté une indignation presque généralisée chez les Sénégalais. S’y est récemment ajouté le fait que la société civile a élevé la voix pour réclamer des sanctions à l’endroit de ceux qui auraient détourné les deniers publics ou fauté durant leur gestion pendant les 12 ans du régime de Macky Sall.
Depuis quelques jours, nombreux sont ceux qui se posent des questions sur la suite à donner à ces dossiers. Ils ont eu la réponse du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
« La reddition des comptes est une phase essentielle de tout fonctionnement d’une justice performante et crédible », à voulu faire entendre Ousmane Diagne.
Pour le ministre de la Justice, les prochaines étapes suite à la publication de ces rapports s’inscrivent dans l’ordre normal des choses «lorsqu’on exerce des fonctions pour lesquelles on met à votre disposition des deniers que vous avez l’obligation d’utiliser au mieux de l’intérêt général que vous en fassiez un usage douteux ou un usage de nature à pouvoir présumer d’une prévarication, d’un détournement de deniers publics ou de toute sorte de délit qui pourrait être assimilé à la corruption ou autre, il est en mon sens normal que l’on puisse vous demander de vous expliquer sur ces faits » a laissé entendre sur un ton rassurant le Garde des Sceaux.
Poursuivant sur sa logique, il précise que « surtout lorsque ces faits ont fait l’objet d’une mission d’audit ou d’une mission de vérification à l’issu de laquelle évidemment les organes de contrôle préconisent des poursuites ».
À ceux-là qui sont sur banc des accusés, le ministre de la Justice tente de les rassurer par le principe connu de tous et toujours mis en avant par la justice, à savoir la présomption d’innocence qui ne saurait se substituer, le moment venu à l’idéal de la préservation des deniers publiques.
À ce sujet, Ousmane Diagne est « tout à fait d’accord que la présomption d’innocence doit jouer en faveur des personnes mises en cause. Mais la nécessité aussi de la préservation des deniers publiques doit être un impératif catégorique »,
Quel doit être maintenant la suite réservée à ces dossiers ?
Le ministre de la Justice est « en phase avec la nécessité d’exécuter la loi d’une façon tout à fait efficiente. Cela veut dire que les organes de contrôle ont dans leurs conclusions, préconisé des poursuites ». De ce point de vue, estime-t-il, « c’est une hypothèse tout à fait crédible » de devoir envisager des poursuites d’autant que « ces organes de contrôle extrêmement performants, après avoir procédé à des investigations poussées ont eu à retenir des charges suffisamment conséquentes pour justifier à leurs yeux des poursuites ».
Donc l’on peut se dire que possibles poursuites judiciaires puissent être envisagées, mais « dans le respect de la présomption d’innocence et des libertés individuelles », conclut le ministre de la Justice.
Abdoulaye Diagne