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HISNUL ABRAAR / « Quand Khelcom sert d’inspiration à Cheikh Bass Abdou Khadre » ( Abdoulaye Bamba Sall- Journaliste)

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Thiel, un village situé dans le bled de daara djoloff, derrière le Ranch de Dolly à 120 Km, à l’Est de Touba. À l’entrée de ce patelin, un tableau fait de carton… une flèche peinte en bleu indique la direction du daara. Une piste sablonneuse moins contraignante que celle empruntée plus tôt nous y mène. Une imposante battisse qui se dresse au milieu d’une vaste étendue de terre avec ses cases carrées en zinc sur lesquelles reflètent les rayons d’un soleil assez chaud quoiqu’une fraicheur vespérale  s’installe au fur et à mesure que le soleil s’endort . En face se dresse une mosquée en chantier dont les travaux à l’arrêt ont été confiés à Cheikh Ismaël Diouf.

Mais que cela a été pénible avant d’y mettre les pieds. Deux heures trente minutes de trajet, sur une piste latéritique, recouverte par beaucoup de sable, à bien des endroits. Une route parsemée de nids de poules à vous secouer les entrailles. Les secousses nous balançaient souvent d’un côté à l’autre. La poussière s’élevait tout autour du véhicule et devant, tel un brouillard , plusieurs fois, nous nous sommes embourbés. C’était presque inévitable car impossible de tourner d’un côté ou de l’autre;  la route coincée qu’elle est entre le mur du Ranch de Dolly et les nombreux arbres qui la longe. Il nous fallait puiser de toutes nos forces mentales et physiques pour tirer le véhicule hors du pétrin. À notre descente de véhicule, nos habits étaient méconnaissables car recouvertes de poussière à l’image de nos têtes et de nos visages. La fatigue se lisait dans nos moindres gestes.

Il est 16 heures 30 mns , nous voilà au daara de Serigne Bassirou  Mbacké Abdou Khadre : Hisnul Abraar. C’est  ainsi que l’a  baptisé Serigne Mountakha Mbacké. L’expression signifie la protection générale contre tout malheur. À l’arrière cour, les disciples, une soixantaine, tabloïds sur les cuisses récitant à haute voix des versets du Coran sous une tente et sous l’œil de leurs maitres coraniques habillés l’un en djellaba bleu tiré par des rayures blanches, l’autre en caftan gris clair, pieds nus. Tous deux prêtaient attention à ce que psalmodiaient les enfants. Hors de question de se négliger au point de mal prononcer un verset ou de ne pas maitriser sa leçon. Ici les apprentissages se font à l’exception du jeudi et vendredi quatre fois par jour pour les grands (à l’aube, 9h-13h, 15h-17h, 17h-1830mn) et trois fois pour les petits chargés eux de pratiquer les zikrs après la prière du crépuscule.

À Hisnul Abraar, pour chaque repas, les talibés observent une pause le temps de bien se rassasier avec de délicieux mets pour lesquels trois cuisinières bien au fait de leur art ont été engagées moyennant une revenue mensuelle conséquente. Les repas sont gracieusement offerts par le marabout. Ici y’a à boire et à manger sans bourse délier. Ce daara est à régime internat; point alors de mendicité, tout est pris en charge par son fondateur.

« Généralement ceux qui viennent visiter le daara sont séduits par les bonnes conditions de vie et d’existence des pensionnaires. Les ndongo sont entièrement pris en charge par le marabout. Dépourvu de structure sanitaire, les premiers soins y sont prodigués, aussi très souvent. En effet, des spécialistes y effectuent des visites. Et s’il y’a des cas d’urgence, les patients  sont acheminés au poste de santé de Thiel ou tout simplement à Touba à bord d’une ambulance spécialement affrété au daara. Un ravitaillement mensuel suffisant en denrées alimentaires est assuré.  Serigne Saliou, l’autre « jawriñ a la charge d’y veiller», soutient Modou Sy coordonnateur des activités au niveau du daara (enseignement, éducation, culte du travail). Modou Sy est épaulé dans ses tâches par trois autres individus tous des Jawriñ . Les deux s’occupent de l’apprentissage coranique des ndongo. Le dernier est préposé à surveiller leur état de  santé et à  s’appliquer autour de leur initiation à la lecture des xasaïd et des zikrs. Le daara a commencé à fonctionner il y’a juste deux ans. L’effectif tourne autour de 55 bouts de bois de Dieu et ils proviennent de toutes les localités du Sénégal. Généralement ils sont issus de familles qui ont confiance au marabout ou qui sont séduits par les bonnes conditions de vie et d’existence de mise dans le daara. Ici, la particularité c’est que tous les Jawriñ  sont des produits de khelcom », ajoute-il.

À Hisnul Abrar, le modèle d’enseignement du Coran s’inspire de Khelcom. Sous ce chapitre , Serigne Bass ne transige pas . Il exige qu’on copie exactement ce qui se fait  dans ce temple jadis créé par Serigne Saliou Mbacké et qui s’articule autour de ce triptyque, (enseigner le Coran et les Xasaïds , éduquer, inculquer le culte du travail).

Au daara du porte parole du khalif des mourides, de Thiel, tout va bien sauf que Modou Sy voudrait une extension de la tente et plus de dortoirs pour faire face à la croissante demande. Déjà, plusieurs parents se bousculent aux portes de ce lieu du savoir pour y inscrire leurs enfants mais Modou est au regret de ne pouvoir donner suite à leur requête, faute d’espace. « Un entrepreneur du nom de Aly Penda Diouf, résidant à Mbacké avait promis au marabout une extension du lieu d’apprentissage et des dortoirs, une fois l’hivernage terminée parce que disait-il , les camions ne pouvaient pas emprunter le trajet en saison pluvieuse, depuis rien », précise Serigne Djily Ndiaye nous montrant seulement du doigt quelques briques éparpillées dans la cour, les unes à moitié cassées ou ensevelies. À thiel, Serigne Bass ne s’occupe pas seulement de l’enseignement et de l’éducation des enfants. Agriculteur hors pair, il a aussi emblavé de vastes terres d’arachide. Sa récolte, est estimée cette année à plus de 50 tonnes. La famille de Serigne Sidy Nar Diéne à laquelle était confiée les travaux a fini la mise en sac lundi passé, reste qu’à les mettre sur le marché. « Tout l’argent issu de la vente de cette production, le quintuple de celle de l’an dernier sera intégralement a été donné au khalif général des mourides, en guise de aadiya », explique Serigne Djily Ndiaye, le coordinateur des travaux champêtres.

L’homme, la ceinture bien nouée aux reins, le visage recouvert de poussière n’a pas manqué de passer en revue les moyens qui ont été mis en œuvre pour atteindre de telles performances aussi bien humains que logistiques: « Durant les travaux champêtres, deux tracteurs ont été mobilisés requérant chacun deux conducteurs. Ils sont tous des saisonniers, ajoutés à ceux-là cinq permanents et trois dames qui s’occupent de la cuisine », déclare-t-il. Le ministre de l’agriculture et de l’équipement rural qui a visité ces exploitations agricoles en compagnie de ses différents services techniques, aura dit considérer « Serigne Bass comme étant  un modèle de réussite, un exemple à suivre. Les jeunes, dit-il,  doivent s’inspirer de lui eu égard à son esprit entrepreneurial. En l’ayant comme référence , les jeunes peuvent s’éviter l’émigration clandestine et gagner leur vie au pays ».

Et que dire de ce témoignage  de Serigne Djily Ndiaye qui met en avant le sens du partage . «  Son souhait le plus ardent c’est de desservir en eau tous les villages environnants sur un rayon 15 km grâce au forage existant ». L’électricité figure aussi parmi les projets phares de Serigne Bassirou Abdou Khadre tout comme l’amélioration qualitative du réseau de la téléphonie  dans cette zone. En clair, Serigne Bass veut désenclaver Thiel.

 

El Hadji Abdoulaye Bamba Sall

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