Un quadragénaire a été inculpé lundi dans le Vermont (nord-est) de tentative de meurtre après avoir blessé par balle trois étudiants, possiblement en raison de leur origine palestinienne dans un contexte de hausse des actes racistes aux Etats-Unis depuis le début de la guerre à Gaza.
Cette agression a soulevé l’indignation, le président Joe Biden se disant « horrifié » dans un communiqué de la Maison Blanche.
Le ministre de la Justice Merrick Garland a indiqué qu’une « enquête était en cours, notamment pour savoir s’il s’agit d’un acte criminel motivé par la haine ».
Le suspect, identifié comme Jason Eaton, 48 ans, a été arrêté tard dimanche après une fouille de son domicile, près duquel les faits avaient eu lieu la veille au soir, a indiqué la police de Burlington.
Il est soupçonné d’avoir, dans cette ville du Vermont, tiré à quatre reprises avec une arme de poing de calibre .380 sur les trois étudiants, âgés de 20 ans, les atteignant tous les trois.
« L’un d’eux a subi des blessures dont les séquelles pourraient le suivre toute sa vie », a précisé le chef de la police Jon Murad lors d’une conférence de presse. Les deux autres avaient été décrits dimanche comme étant dans un « état stable ».
Les trois étudiants, qui passaient les fêtes de Thanksgiving à Burlington, près de la frontière canadienne, marchaient dans la rue en échangeant en anglais et en arabe quand le suspect s’est présenté devant eux, sans parler, et a ouvert le feu avant de prendre la fuite, a expliqué M. Murad. Deux victimes portaient un keffieh, le foulard traditionnel palestinien.
Deux d’entre elles ont la nationalité américaine et la troisième réside légalement aux Etats-Unis, d’après les autorités.
Le suspect a été maintenu en détention sans possibilité de libération sous caution, selon la presse américaine.
– « Rhétorique haineuse » –
« Bien que nous n’ayons pas encore de preuve pour dire qu’il s’agit d’un crime motivé par la haine, il est très clair que nous avons affaire à un acte haineux », a souligné la procureure locale, Sarah George.
Aux Etats-Unis, un crime motivé par la haine désigne un acte contre une personne ciblée en raison de certaines caractéristiques de son identité comme l’ethnicité, la religion, la nationalité, l’orientation sexuelle ou un handicap.
Dans un communiqué commun, les familles des victimes ont indiqué lundi que l’enquête « montrera vraisemblablement que nos fils ont été ciblés et attaqués juste parce qu’ils sont Palestiniens ».
Selon elles, une « rhétorique haineuse » véhiculée « dans les médias américains et même par des élus parmi les plus importants du pays » a contribué à créer un « environnement de racisme et de violence accru envers les Palestiniens et les Arabes ».
Pour Rich Price, oncle d’une victime présent à la conférence de presse, cette agression « montre le niveau de tension et de haine qui existe dans certaines parties » du pays.
Aux Etats-Unis, la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza suscite de fortes tensions et a donné lieu à une hausse des actes antisémites et islamophobes.
Début octobre, un garçon palestino-américain de six ans a été poignardé près de Chicago par un septuagénaire inculpé de crime raciste, un acte directement lié à la guerre selon la police.
En Californie, un professeur est poursuivi pour homicide involontaire après la mort d’un homme de confession juive lors d’un rassemblement début novembre qui avait tourné à l’altercation entre pro-Palestiniens et pro-Israéliens.
« Nous avons tous constaté une augmentation très nette du nombre et de la fréquence des menaces contre les communautés juives, musulmanes et arabes » depuis le début de la guerre, a noté lundi le ministre de la Justice.
« Il y a une peur compréhensible au sein de ces communautés », a ajouté Merrick Garland.
Dans ce contexte, il a assuré que le ministère de la Justice « surveillait de près ce que l’impact du conflit au Proche-Orient peut susciter auprès d’organisations terroristes et d’extrémistes violents aux Etats-Unis comme à l’étranger ».