L’universitaire Mame Sow Diouf, spécialiste de terminologie et d’histoire médicales, estime que le serment d’Hippocrate, un texte datant du 19ème siècle, doit être modernisé pour mieux s’accorder aux réalités du moment et se conformer davantage à sa vocation.
Elle considère qu’il est devenu nécessaire de moderniser ce serment, “car il est vieux, il date du 19e siècle et les serments suivent leur époque, ils doivent être des échos de leur époque”.
Mame Sow Diouf intervenait lors de la séance mensuelle bimodale de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANST), en présence d’autres universitaires.
Le serment d’Hippocrate fut rédigé dans l’antiquité pour encadrer les pratiques médicales d’un point de vue éthique et moral.
Il établit les principes fondamentaux de la déontologie médicale, tels que l’honneur, la probité, le respect de la vie humaine et la confidentialité des patients.
Mme Diouf dont la communication portait sur le thème “Les serments médicaux : écho de leur époque”, s’est demandé dans quelle mesure faudrait-il moderniser ce serment que les médecins prononcent à la fin de leur soutenance pour être admis à exercer la médecine.
“C’est une question très difficile, ce n’est pas simple, mais en même temps, c’est facile. Parce qu’il est nécessaire de le moderniser”, a t-elle dit, ajoutant qu’elle se sentait toujours ”désolée”, après les soutenances, d’entendre cette prestation faite sur la base d’un serment du 19e siècle.
Mame Sow Diouf, professeure des universités spécialisée en langue, littérature et civilisation grecque, est revenue dans une très large mesure sur l’histoire des serments.
Elle juge que les serments prononcés par les futurs médecins ne doivent pas sembler obsolètes, mais plutôt corresponde aux réalités nouvelles, faisant référence à l’évolution de la médecine de manière générale qui, aujourd’hui, a intégré de nouvelles techniques.
Un serment a un caractère sacré, constitue une obligation morale, mais n’a pas de valeur juridique, ni de force de loi, a-t-elle fait valoir.
Néanmoins, précise-t-elle, les serments “inspirent les codes, qui, eux, transforment les idéaux éthiques des serments en obligations et en règles de droit concrètes”.
Le professeur Doudou Sarré a abondé dans le même sens, appelant à “une réactualisation” du serment qui représente, dit-il, “un code de conduite”.

”C’est un code de conduite qui nécessite une réactualisation avec la télémédecine et l’Intelligence artificielle. Il y a beaucoup de faiblesses, les scandales dans les hôpitaux qui inquiètent la vie des personnes”, a t-il dit.
La professeur Ramatoulaye Diagne a, pour sa part, appelé au respect de la médecine, un métier pas comme les autres qui correspond à “un engagement prophétique”.
Cette séance mensuelle de l’ANSTS a aussi porté sur des thèmes comme ”Oralité et cultures urbaines”, traité par le professeur Ibrahima Wane.
L’ancien directeur du Théâtre national Daniel Sorano, Ousmane Diakhaté, a lui introduit le thème ”Les fondamentaux d’un théâtre africain antique et médiéval”, dans le cadre des activités de l’ANSTS.
Le professeur Ibrahima Ly, président de la section sciences sociales et humaines de l’ANSTS, a rappelé que cette société savante fait office de conseillère de l’Etat.

Dans cette optique, elle impulse le débat public autour de plusieurs thématiques qui ne sont “pas que théoriques, car pouvant toucher à la réalité quotidienne, aux préoccupations des populations et des pouvoirs publics et à l’actualité”.
