Tourisme au Sénégal : Dr Aïssatou Diongue appelle à l’harmonisation des curricula et à une transformation systémique du secteur
À l’occasion du SMCA, la Dr Aïssatou Diongue, enseignante-chercheure et présidente du Réseau des universitaires du tourisme au Sénégal, a livré une réflexion profonde sur l’état des curricula de formation, les défis du secteur touristique, l’enjeu stratégique de l’intelligence artificielle et la capacité du tourisme à absorber le sous-emploi. Elle plaide pour une collaboration renforcée entre institutions, secteur privé et milieu universitaire afin de bâtir une destination sénégalaise moderne et compétitive.
Un impératif : harmoniser les curricula pour répondre aux besoins réels du secteur
Selon la Dr Diongue, le Sénégal ne manque pas de curricula, mais d’une harmonisation structurée :
> « Chaque université, chaque département, chaque filière a son propre curricula. Le défi est désormais de les adapter aux besoins des professionnels et des institutionnels. »
Elle appelle à un cadre permanent de concertation entre :
les établissements de formation,
les acteurs institutionnels,
et le secteur privé touristique.
Objectif : former des profils immédiatement employables.
> « Nous ne voulons pas former pour former. Nous voulons former pour que nos étudiants soient recrutés. »
SMCA : un tremplin fort pour la promotion de la destination Sénégal
La Dr Diongue salue l’excellence du travail réalisé par le Dr Adam Ndiaye, organisateur du SMCA :
> « Rien que l’organisation constitue déjà un acte de promotion pour la destination sénégalaise. En un temps record, il a réussi la mobilisation, la participation, les expositions et l’animation scientifique. »
Elle note aussi la pertinence des thèmes abordés et la satisfaction des délégations africaines présentes. Elle propose néanmoins de renforcer les panels sur l’humain et la coopération inter-africaine.
Face aux géants de l’IA, l’Afrique doit avancer ensemble
De retour d’une publication scientifique aux Pays-Bas, la Dr Diongue insiste :
> « Le Sénégal seul ne pourra pas faire face aux multinationales comme Google ou Booking. Le développement de l’IA est coûteux et implique des enjeux majeurs de données. L’Afrique doit avancer ensemble. »
Elle appelle ainsi à une stratégie continentale pour accompagner l’intégration de l’IA dans le tourisme africain.
Tourisme et sous-emploi : un secteur capable d’absorber massivement les jeunes
Pour la Dr Diongue, associer tourisme, culture et artisanat est une piste essentielle pour lutter contre le sous-emploi :
> « Ces secteurs combinés peuvent absorber une grande partie de la demande. Mais leur efficacité dépend d’une gestion compétente et dépourvue de considérations politiques. »
Elle met en garde :
> « Qui gère et qui décide dans ces structures ? Comprennent-ils les enjeux et les urgences ? »
Elle rappelle que sans gouvernance claire, même les plus grands dispositifs de financement resteront inefficaces.
Pour un véritable changement systémique
La Dr Diongue appelle enfin à une transformation profonde :
« Le changement systémique doit être vécu dans chaque secteur : tourisme, agriculture, élevage… C’est l’ensemble de ces mutations coordonnées qui apportera la transformation nationale. »
Assane Diop