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Mahmoud Baba Ly : l’artiste qui alerte sur une humanité en train de se faire posséder par la technologie

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Au Village des Arts depuis près de vingt-cinq ans, Mahmoud Baba Ly, héritier d’une lignée d’artistes sénégalais, expose aujourd’hui au Pullman une série visionnaire consacrée aux impacts de la technologie sur l’humain. À travers des œuvres où casques, écrans et symboles du numérique envahissent les visages, l’artiste invite la jeunesse à reprendre le contrôle d’outils qui, selon lui, risquent désormais de nous posséder.

 

Un artiste ancré dans l’histoire et tourné vers l’avenir

 

Né dans une famille profondément ancrée dans la création, Mahmoud Baba Ly grandit au milieu des couleurs, des gestes et des récits transmis par son père, artiste de la première génération de l’ère Senghor. Installé au Village des Arts depuis l’an 2000, il observe depuis plus de deux décennies l’évolution du pays, des mentalités et des modes de vie.

 

« Je suis dans le milieu de l’art depuis au moins 25 ans. J’ai vu le monde changer, j’ai vu nos sociétés muter », confie-t-il. Cette longue expérience nourrit aujourd’hui une démarche artistique plus engagée, plus inquiète aussi.

Une série née d’une observation lucide de notre époque

 

Depuis trois ans – une période qui coïncide avec l’après-Covid –, Mahmoud Baba Ly travaille sur une série centrée sur la technologie et les transformations qu’elle impose à l’humanité contemporaine. Il y matérialise la manière dont les outils numériques, censés nous servir, commencent parfois à nous déposséder.

 

« On devrait posséder l’outil. Pourtant, certaines personnes sont déjà possédées par lui », déplore l’artiste.

 

Il observe, au sein même de sa famille, l’influence envahissante des réseaux sociaux : le temps absorbé par TikTok, l’absence de conscience du temps perdu, la passivité face à des contenus sans utilité réelle. Pour lui, la distraction généralisée est l’un des enjeux les plus néfastes pour la nouvelle génération.

 

La jeunesse, cible principale de son message

 

Si Mahmoud Baba Ly s’adresse à tous, c’est surtout vers les jeunes qu’il oriente son message. Ceux qui grandissent dans une réalité déjà saturée de casques de réalité virtuelle, de filtres augmentés et d’images qui brouillent la frontière entre vrai et faux.

 

« Les plus âgés connaissent une vie sans ces outils, ils gardent un recul naturel. Mais les nouvelles générations n’ont pas cette distance », explique-t-il.

 

Son travail questionne l’avenir :

 

Comment ces outils évolueront-ils ?

Quels seront leurs impacts psychologiques ?

À quoi ressemblera l’humain de demain ?

Son rôle, dit-il, est d’alerter et de sensibiliser, avant qu’il ne soit trop tard.

 

Des œuvres comme des miroirs et des avertissements

 

Avant cette série futuriste, l’artiste abordait des scènes de vie quotidienne : marchands ambulants, situations urbaines, fragments du réel sénégalais. Aujourd’hui, son imaginaire s’ouvre à d’autres dimensions, nourries par la recherche, la curiosité, l’observation détachée de la société.

 

Les casques qu’il peint – inspirés des protections d’autrefois, mais aussi des masques virtuels de demain – deviennent le symbole d’un futur où le numérique pourrait coloniser non seulement les pratiques, mais l’esprit même de l’individu.

 

« Je fais allusion au cerveau, à ce que l’être humain risque de devenir. Les casques, les formes… ce sont des projections, presque des anticipations. »

 

Pour lui, une œuvre ne s’apprécie jamais en une seule fois :
« Chaque année, chaque regard, peut révéler quelque chose de nouveau. »

 

 

Assane Diop

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