C’est dans une salle comble que s’est tenu l’atelier organisé par ActionAid Sénégal, dédié à renforcer l’engagement des jeunes dans le suivi du budget de l’éducation. Objectif : former une nouvelle génération d’acteurs capables de veiller à la transparence, à l’efficacité et à la redevabilité des fonds publics investis dans l’éducation.
Parmi les temps forts de la journée, l’intervention de M. Mame Moussa Sarr, chargé des questions fiscales chez ActionAid, a suscité un vif intérêt. Dans une présentation riche et pédagogique, il a souligné que « la justice fiscale est une condition sine qua non pour garantir un financement durable et équitable du système éducatif ». Il a dénoncé l’ampleur des exonérations fiscales injustifiées qui réduisent considérablement les ressources disponibles pour l’éducation, et plaidé pour une mobilisation accrue des recettes nationales.
« On ne peut pas parler d’accès universel à une éducation de qualité sans s’assurer que l’État dispose des moyens suffisants pour la financer durablement. Cela commence par une fiscalité juste, redistributive et bien gérée », a-t-il affirmé.
De son côté, le Professeur Abdoul Aziz Kébé, enseignant-chercheur et spécialiste reconnu des finances publiques, a apporté un éclairage théorique et pratique sur le budget-programme, désormais en vigueur au Sénégal. Il a expliqué comment cette approche, axée sur la performance, permet une meilleure affectation des ressources et un contrôle renforcé des résultats.
« Le budget-programme permet de lier les ressources aux résultats. Il donne la possibilité aux citoyens – et notamment aux jeunes – de juger de la pertinence et de l’impact des dépenses publiques dans l’éducation », a-t-il précisé.
Les jeunes participants, issus de différentes régions du pays, ont été formés aux outils d’analyse budgétaire, à la lecture des lois de finances, à l’identification des lignes budgétaires liées à l’éducation, ainsi qu’aux techniques de plaidoyer. Des travaux de groupe ont permis de simuler des actions concrètes de suivi citoyen dans les écoles et collectivités locales.
L’atelier s’est conclu par plusieurs recommandations clés, notamment :
La création d’un réseau national de jeunes pour la transparence éducative ;
L’élaboration d’un manuel simplifié de suivi budgétaire à destination des jeunes ;
Un plaidoyer conjoint pour l’ouverture des données budgétaires dans le secteur éducatif ;
Le renforcement de la collaboration entre OSC, chercheurs et institutions étatiques.
Par cette initiative, ActionAid réaffirme son engagement à faire des jeunes des acteurs à part entière de la gouvernance éducative, convaincu que leur participation est essentielle pour garantir un droit à l’éducation pleinement réalisé pour toutes et tous.
Assane Diop