Ce mercredi 18 novembre 2025 à Dakar, un colloque international de haut niveau s’est tenu sous le parrainage du ministre sénégalais de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Dr Aliou Dione. Chercheurs, experts, universitaires et acteurs du développement venus de plusieurs pays africains y ont plaidé pour un renforcement des politiques publiques en faveur de l’innovation, de la durabilité et de l’économie sociale solidaire.
Dakar a été, ce mercredi, le théâtre d’une grande rencontre intellectuelle et stratégique réunissant des spécialistes de divers horizons autour d’un objectif commun : promouvoir une Afrique résolument tournée vers l’innovation et le développement durable. Organisé par l’IARPA en partenariat avec plusieurs institutions académiques, le colloque a permis de dresser un état des lieux des transformations en cours sur le continent, tout en formulant des recommandations fortes à l’attention des décideurs.
L’engagement du ministre Dr Aliou Dione : faire de l’ESS un pilier stratégique
Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Microfinance, de l’Économie sociale et solidaire, Dr Aliou Dione, a rappelé l’importance de placer l’ESS au cœur des stratégies nationales de développement. Se présentant comme un « porte-étendard de l’économie sociale et solidaire au Sénégal », il a insisté sur la nécessité de promouvoir des modèles économiques inclusifs capables de réduire les inégalités et de renforcer la résilience des communautés.
Selon lui, l’innovation n’a de sens que si elle contribue à améliorer durablement les conditions de vie des populations :
> « On ne peut pas parler d’innovation sans parler d’inclusion. Le développement durable ne doit pas rester un concept, mais devenir une réalité palpable pour les femmes, les jeunes, les acteurs économiques locaux », a-t-il déclaré.
Le ministre a également salué l’initiative de réunir des experts africains sur ces questions, estimant que le continent dispose déjà de ressources humaines et intellectuelles capables de porter ce chantier.
Professeur Brice Ancel Mankou : l’innovation comme outil de souveraineté africaine
Le Pr Brice Ancel Mankou a livré une intervention centrée sur la dimension stratégique de l’innovation. Pour lui, l’Afrique doit sortir d’une logique de dépendance technologique :
> « L’innovation n’est pas un luxe, mais un impératif de souveraineté. Les États africains doivent investir massivement dans la recherche, encourager les jeunes innovateurs et créer des environnements propices à l’émergence de solutions africaines pour les défis africains. »
Il a souligné l’importance de soutenir les startups locales, les laboratoires de recherche et les incubateurs qui travaillent sur des projets à fort impact.
Professeur Emmanuel Kandém : repenser les modèles de développement
Le Pr Emmanuel Kandém a, pour sa part, insisté sur la nécessité de repenser les modèles traditionnels de développement. Selon lui, les approches importées d’ailleurs ne répondent plus aux réalités du continent.
> « Nos pays doivent évoluer vers des politiques publiques plus cohérentes, qui intègrent l’innovation non seulement comme un outil économique, mais comme un vecteur de transformation sociale et environnementale », a-t-il martelé.
Il a appelé à renforcer la collaboration entre universités, gouvernements et secteur privé pour optimiser l’impact des projets.
Dr Arona Kaboré : un plaidoyer continental pour les innovations durables
Le Dr Arona Kaboré a recentré le débat autour du rôle des autorités étatiques africaines. Pour lui, l’absence d’un cadre harmonisé constitue l’une des principales entraves :
> « Nous devons impérativement mener un plaidoyer coordonné auprès des États africains pour qu’ils intègrent véritablement l’innovation et la durabilité dans leurs agendas nationaux », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que les innovations locales, souvent portées par des jeunes ou des associations, n’atteignent pas leur plein potentiel faute d’accompagnement institutionnel.
Dr Jean Marie Koné : un Livre blanc pour guider les politiques publiques
En clôture des interventions majeures, le Dr Jean Marie Koné a annoncé l’élaboration d’un Livre blanc, fruit des contributions des experts présents. Ce document synthétisera les recommandations du colloque et sera remis aux autorités des différents pays participants.
> « Il ne suffit pas de discuter, il faut agir. Le Livre blanc servira de base pour orienter les choix stratégiques de nos États en matière d’innovation, d’économie sociale solidaire et de développement durable », a-t-il expliqué.
Il a précisé que le document proposera des pistes concrètes d’action, des cadres réglementaires améliorés, ainsi que des mécanismes de financement innovants.
Un rendez-vous scientifique et stratégique pour l’avenir du continent
Ce colloque international a ainsi marqué une nouvelle étape dans la réflexion collective autour des défis africains liés à l’innovation et au développement durable.
Au-delà des discours, les participants ont souligné l’importance de collaborer davantage, de mutualiser les ressources, mais surtout de donner une véritable place à l’expertise africaine dans la construction des politiques publiques.
Les échanges se sont déroulés dans un climat de coopération et de détermination, traduisant la volonté commune d’inscrire durablement l’Afrique dans une dynamique de transformation profonde.
Assane Diop