Bande d’Aouzou – les habitants alertent sur la bétonisation de la dernière réserve foncière de Dakar : le maire de Hann Bel-Air leur apporte un soutien ferme
Face à la pression immobilière, les populations des Maristes tirent la sonnette d’alarme. Le maire Babacar Ben dénonce des attributions foncières faites à l’insu de la commune et réclame des infrastructures publiques sur ce site stratégique.
La tension monte autour de la bande d’Aouzou, vaste espace de près de cinq hectares considéré comme l’une des dernières réserves foncières de Dakar. Les habitants des Maristes, mobilisés en nombre, ont exprimé leur profonde inquiétude face à la « bétonisation programmée » de ce site, tandis que le maire de Hann Bel-Air, Babacar Ben, leur a publiquement apporté son soutien.
« Une population engagée et courageuse » : le maire salue la mobilisation
Prenant la parole devant les habitants et la presse, le maire a d’abord présenté ses excuses pour les désagréments liés à la rencontre, avant de féliciter les populations :
« Je suis heureux de voir une population engagée et mobilisée pour défendre l’intérêt public. Votre combat est légitime », a déclaré Babacar Ben.
Un site non immatriculé devenu objet d’attributions irrégulières
Pour l’édile, la situation de la bande d’Aouzou est révélatrice d’un dysfonctionnement grave :
Le terrain, considéré à l’origine comme non immatriculé et donc propriété de l’État,
a fait l’objet d’attributions privées sans que la commune n’en soit informée,
malgré un accord entre l’État et la mairie prévoyant un recensement foncier et une future mise à disposition.
« Je peux prouver qu’il y a eu des attributions faites à notre insu. Je refuse de signer des autorisations de construire parce qu’elles vont contre l’intérêt général », a affirmé le maire.
Décentralisation : « Nous sommes l’État, pas des figurants »
Revenant sur le principe de décentralisation, le maire a rappelé que les communes sont créées pour répondre aux besoins de proximité :
écoles primaires,
postes de santé,
espaces publics,
équipements communautaires.
« La collectivité locale est un démembrement de l’État. Nous avons besoin de terres pour construire des infrastructures. Refuser même 10 mètres carrés à la commune sur un site de 5 hectares est scandaleux », a-t-il dénoncé.
Maristes : un déficit criant d’infrastructures publiques
Depuis son arrivée en 2009, Babacar Ben dit constater une faiblesse structurelle dans l’offre d’équipements publics :
hormis le collège de Maristes construit grâce à 8 000 m² attribués par le président Macky Sall,
l’école japonaise,
et la Casa espagnole,
les Maristes souffrent d’un manque flagrant d’infrastructures scolaires, sanitaires et sociales.
Le maire déplore également la disparition progressive des réserves administratives au profit de projets privés :
« Arrêtons d’aliéner les équipements publics. Nous ne demandons pas les 5 hectares, mais au moins l’espace nécessaire pour une école, un poste de santé, une mosquée ou une église ».
Un appel pressant à l’État : « Un regard vigilant est urgent »
En conclusion, l’édile a invité l’État à examiner en urgence la situation de la bande d’Aouzou :
« Nous ne défions pas l’État. Nous sommes l’État. Mais nous réclamons que l’intérêt public prime sur les intérêts privés », a-t-il martelé.
Il a également appelé les populations à maintenir leur vigilance, « dans la légalité, la discipline et la mobilisation citoyenne ».
Assane Diop